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03/29/2008
Extraits de : La Gioconda et Il figliuol prodigo de Ponchielli, Adriana Lecouvreur de Cilea, Il Giuramento de Mercadante, Maristella de Pietri, Fosca de Gomes, Simon Boccanegra et Luisa Miller de Verdi, Poliuto de Donizetti
Rolando Villazón (ténor), Chœur et Orchestre Symphonique Giuseppe Verdi de Milan, Daniele Callegari (direction)
Enregistré à Milan en mars 2007 – 56’41
DG 477 7224 – Présentation trilingue, textes quadrilingues.


Rolando Villazón tel qu’en lui-même, avec ses qualités et ses défauts. Le manque de souplesse de l’émission, qui durcit le passage et le contraint souvent à arracher les notes, par exemple, rend plus dangereux encore son jusqu’au-boutisme vocal : sur scène, cela finit par l’épuiser, comme on l’a vu dans la Manon de Massenet donnée à Barcelone – et qui a fait l’objet d’un DVD. Un récital en studio est évidemment moins éprouvant. Celui-ci, néanmoins, ne peut cacher la vérité : les défauts sont bel et bien là.


Ils apparaissent dès le « Cielo e mar » de La Gioconda, où l’on aimerait un chant plus souverain, plus solaire, plus extasié. Mais il y a tant de générosité, tant d’intensité dans l’interprétation, qu’on se laisse séduire. On rend ensuite les armes à l’écoute de « La dolcissima effigie » d’Adrienne Lecouvreur, tant la voix se fait sensuelle et caressante. L’extrait du Giuramento de Mercadante, en revanche, pose plutôt un problème de nature stylistique : l’opéra se ressent encore de l’écriture belcantiste et le chanteur n’a pas été vraiment formé à cette école. On le préfère dans « Dai campi, dai prati » de Mefistofele, ou davantage encore dans la plus vériste Maristella de Pietri, même s’il y pousse trop ses aigus. La Romance de Fosca et l’air de Gabriele de Simon Boccanegra prouvent ensuite à quel point les héros tourmentés confrontés à des situations extrêmes trouvent dans ce chant éruptif – mais jamais débraillé – leur plus parfaite expression. Cette ardeur vocale et interprétative convient moins, encore une fois, à Mercadante, ou au Donizetti de Poliuto, pour lequel on exige aujourd’hui une élégance plus sobre et plus fine. Aussi retrouve-t-on avec plaisir le Maurice de Saxe d’Adrienne, dont le bref « L’anima ho stanca » paraît d’anthologie, ou l’Azaele du Fils prodigue de Ponchielli, dont la Romance convient mieux - la voix s’y place très bien - au ténor que « Cielo e mar » ou la Romance du Faust de Mefistofele jetant un dernier regard sur son passé. Le fameux « Quando le sere al placido » de Luisa Miller concilie enfin très heureusement l’ardeur de la passion et les exigences du style, avec une reprise piano, avant que la cabalette mette à l’épreuve, pour les raisons exposées plus haut, les réserves de vaillance d’un Villazon dont l’avenir vocal, malgré le charme qu’il exerce, nous inspire toujours autant de crainte. On n’oubliera pas la qualité de l’accompagnement de Daniele Callegari, qui, ne se contentant pas de soutenir la voix, fait exister l’orchestre.


L’ordre de succession des morceaux peut surprendre, les extraits d’une même partition pouvant se trouver séparés. A un ordre dicté par la musique, le ténor a préféré un ordre dicté par les situations : à l’amour idéal, nous dit-il, succède l’amour désespéré. Chacun appréciera ces va-et-vient. On le remerciera en tout cas d’avoir quitté les sentiers battus, choisissant parfois des œuvres et des airs peu connus. Cela dit, les lyricomanes discophiles ne les ignorent pas et nous expliquer pompeusement qu’il a bénéficié de l’aide « de chercheurs de Deutsche Grammophon » a de quoi faire sourire – ou enrager : de qui se moque-t-on ?


Didier van Moere

 

 

 

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