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03/22/2008
«The Naked Violin»
Johann Sebastian Bach : Partita n° 3, BWV 1006
Paul Patterson : Luslawice Variations, opus 50
Eugène Ysaÿe : Sonate n° 3 «Ballade», opus 27 n° 3

Tasmin Little (violon)
Enregistré à Stoke d’Abernon (5 janvier 2008) – 35’04 (+ 23’55 de commentaires)
Disponible ici en téléchargement gratuit



T. Little (© Melanie Winning)


Au cœur du Surrey, le village de Stoke d’Abernon était renommé jusqu’à présent pour son équipe de cricket, pour son terrain d’entraînement servant au club de football de Chelsea, pour son pub Old Plough et pour son baron, Lord Menuhin, qui y fonda en 1963 une école de musique. Quarante-cinq ans plus tard, «The Yehudi Menuhin school» vient d’abriter une première: l’enregistrement d’un album gratuitement téléchargeable de musique dite «classique».


Le rock et la variété avaient certes une bonne longueur d’avance dans ce domaine, encore que Barbara Hendricks ait déjà fait de même voici quelques mois, tout en appelant l’internaute à son bon cœur. Tasmin Little, en revanche, n’attend rien de lui, affirmant que son principal objectif consiste à mener une entreprise de vulgarisation. De fait, le 250 000e téléchargement a été atteint dès le 9 mars dernier, moins de deux mois après le lancement de cette initiative. Un succès planétaire, qui atteindrait plus de cent pays et qui a même des conséquences inattendues: la violoniste anglaise est ainsi amenée à mettre en garde contre un «site voyou créé aux Etats-Unis, reprenant le nom de domaine en .com» pour offrir un «contenu sexuel explicite», encore que ce piratage semble avoir pris fin.


Tasmin Little invite l’auditeur à un «Three step challenge» («Défi en trois étapes»): d’abord écouter la présentation et télécharger le disque; prendre ensuite le temps d’écouter et de connaître les morceaux, et écrire à l’artiste pour lui expliquer ce que l’on a aimé ou non; enfin, aller à un concert, acheter un disque ou bien lui écrire afin d’expliquer quelles barrières ont empêché l’auditeur de passer à cette étape suivante. Et, outre la musique proprement dite en trois qualités différentes – mp3 (à 192 ou 360 Kbps) ou mp4 – ainsi que des étiquettes recto verso en couleur pour fabriquer soi-même son propre disque, elle propose près de 24 minutes de commentaires: présentation du projet et de chacune des œuvres; comparaison entre son Guadagnini de 1757 et le Stradivarius «Regent» (ou «Superb») de 1708 que lui prête l’Académie royale de musique; suggestions pédagogiques pour les instituteurs qui souhaiteraient faire travailler leurs élèves sur le sujet. Le ton est jovial, le langage résolument accessible et volontiers familier – ici une danse est «pleine de testostérone» tandis que là, la musique devient «dingue» («bananas»).


S’intitulant «The Naked Violin» («Le Violon nu»), l’album se veut une défense et illustration des potentialités du violon solo. On ne sera donc pas surpris d’y trouver les deux pages les plus célèbres des incontournables de ce répertoire, Bach et Ysaÿe: une Troisième Partita (1720) romantique, sonore et flamboyante à souhait, jouée sur le Guadagnini, et une Troisième Sonate «Ballade» (1923), solide et haute en couleur, sur le Stradivarius. C’est également sur cet instrument, et toujours dans une prise de son fortement réverbérée, qu’elle interprète les Variations Luslawice (1984) de Paul Patterson (né en 1947), du nom du festival créé par Penderecki: écrites pour Konstanty Andrzej Kulka, ces sept variations virtuoses sont écrites sur un thème de la Sinfonia pour cordes que le compositeur anglais avait dédiée quelques années plus tôt à l’Orchestre de chambre de Pologne.


L’afflux de visiteurs sur cette page Internet tient-il à la gratuité ou à la curiosité? Une chose est sûre: il s’agit d’une belle opération publicitaire. A bientôt 43 ans – l’âge auquel Enesco reçut la dédicace de la Troisième Sonate d’Ysaÿe – Tasmin Little, sans que son dévouement vulgarisateur puisse par ailleurs être mis en doute, a en tout cas trouvé un moyen pour le moins astucieux d’attirer l’attention sur elle.


Le site de Tasmin Little
Le site de Paul Patterson


Simon Corley

 

 

 

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