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03/03/2008
George Frideric Handel : airs tirés de Giulio Cesare in Egitto, Rinaldo, Alcina, Teseo, Apollo e Dafne, Ariodante, Amadigi di Gaula, Semele.
Danielle de Niese (soprano), Les Arts Florissants, William Christie (direction)
Enregistré en l’Eglise Notre-Dame du Liban à Paris (mai 2007) – 61’51
Decca 475 8746 – Présentation et textes trilingues



Le compositeur a beau avoir du génie, l’exercice est difficile : il faut, dans des airs de même structure, incarner une dizaine d’héroïnes. Bref, enfiler des arie da capo, nonobstant l’opposition entre les deux strophes, peut vite susciter l’ennui.

Reconnaissons que Danielle de Niese sort victorieuse de l’épreuve. Parce qu’elle sait, justement, ne pas rendre les airs interchangeables, préserver le contraste entre les strophes, mais s’adapter aussi aux situations et aux personnages. Il est vrai que la voix est belle, richement timbrée, avec une chair sensuelle, là où une Magdalena Kozena, pour ne citer qu’elle, semble trop lisse. La tessiture, de plus, reste très homogène quelque air qu’elle chante, la chanteuse évitant, dans le grave, les artifices du registre de poitrine. Elle n’a rien à craindre non plus de l’effervescence virtuose, vocalisant avec une facilité qui paraît plus naturelle que celle d’une Cecilia Bartoli. Mais on sent surtout un tempérament dramatique, brûlant les planches du studio : on croirait voir Cléopâtre, Almerina, Morgana, Armide, comme si elles étaient tout près de nous. Perdue dans les jardins magiques d’Armide, Almerina chante d’une voix à la fois mélancolique et sensuelle, grâce au jeu sur les couleurs, le fameux « Lascia ch’io pianga » de Rinaldo. Morgana, la sœur d’Alcina, joint à la passion une coquetterie piquante, qui rend irrésistible « Tornami a vagheggiar ». Si la fureur de Médée, dans « Ira, sdegni, e furore » de Teseo, ne suscite aucun dérapage, la folie de Ginevra, à la fin du deuxième acte d’Ariodante, déchire la voix, la métallise pour un « Il moi crudel martoro » hagard.

La fureur et la vengeance ne constituent pas pour autant le domaine d’élection de la jeune Australienne : l’Armide de Rinaldo déchaîne certes un terrible « Vo’ far guerra », pas moins impressionnant que le « Ah, spietato » de la Melissa – une autre magicienne – d’Amadigi di Gaula, mais sa Daphné est délicieuse dans son « Felicissima quest’alma », et on croirait voir la coquette Sémélé chanter « Myself I shall adore » devant son miroir. Inutile de parler de Cléopâtre : à force d’y triompher sur les plus grandes scènes, Danielle de Niese a fini par s’identifier à elle et son « Piangerò la sorte mia », dont elle oppose remarquablement les deux strophes, est d’ores et déjà anthologique. Ni monotone ni répétitif, l’accompagnement de William Christie joue lui aussi sur les couleurs et les timbres, avec des solistes remarquables, lovant amoureusement la voix de la soprano.


Didier van Moere

 

 

 

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