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02/02/2008
Jean-Sébastien Bach : Concerto italien, BWV 971 – Chaconne, BWV 1004 (arrangement Ferruccio Busoni)
Wolfgang Amadeus Mozart : Concertos pour piano n°20, K. 466 et n°23, K. 488
Ludwig van Beethoven : Sonate pour piano n°3, opus 2 n°3
Frédéric Chopin : Scherzo n°2, opus 31 – Mazurkas, opus 33 n°4 et opus 68 n°2 – Berceuse, opus 57 – Valse, opus 69 n°1
Robert Schumann : Concerto pour piano, opus 54
Edvard Grieg : Concerto pour piano, opus 16 – Pièces lyriques (extraits)
Œuvres de D. Scarlatti, Vivaldi, Galuppi, Tomeoni, Debussy, Marescotti, Granados, Albéniz, Mompou

Arturo Benedetti Michelangeli (piano)
Orchestre de la Suisse Romande, Ernest Ansermet (direction) [Vivaldi], Orchestra Sinfonica di Roma della Rai, Carlo Maria Giulini (direction) [Mozart], Orchestra della Scala di Milano, Antonio Pedretti [Schumann], Alceo Galliera [Grieg] (direction)
Enregistré de 1939 à 1951 – 250’01
Album de quatre disques Artone 222354-354 (distribué par Intégral)




Artone propose une vaste collection de coffrets rectangulaires de quatre disques de gravures relativement anciennes, chaque volume étant consacré à un musicien. Des violonistes (Heifetz, Menuhin, Kreisler, …), des pianistes (Casadesus, Rubinstein, Fischer, …), des chanteurs (Callas, Gigli, Caruso, …), des chefs d’orchestre (Karajan, Jochum, Celibidache, …), il y en a pour tous les goûts, cette série étant de surcroît commercialisée à un prix modique.


Le pianiste italien Arturo Benedetti Michelangeli (1920-1995) est ici représenté par des enregistrements de jeunesse effectués entre 1939 et 1951, certains figurant parmi ses tout premiers. Le programme est significatif de son répertoire – notons ainsi la présence de ces vieux maîtres italiens, comme Galuppi et Tomeoni, dont le maître raffolait – mais ne comporte aucun inédit, tous ces témoignages, à la qualité sonore allant du passable au quasiment inécoutable, ayant été édités par divers labels (Pearl, Arkadia, EMI « Références », Grammofono, …), souvent à de nombreuses reprises. Si le très bon texte de présentation (en anglais et allemand) évoque toute la vie de Benedetti Michelangeli, cette publication n’offre, quant à elle, qu’un aperçu réduit de sa carrière discographique, les quarante dernières années de sa vie, intéressantes à plus d’un titre, faisant ici défaut (paradoxalement, les quelques photos du livret le représentent dans cette tranche d’âge…).


Pour une première approche du pianiste, l’album n’est donc peut-être pas le choix qui s’impose en priorité mais ceux qui souhaitent approfondir leur connaissance de l’artiste ou les collectionneurs d’archives peuvent en revanche y trouver leur bonheur, à condition de ne pas se montrer trop exigeants sur la précision des dates d’enregistrement. Les deux œuvres de Mozart proposées dans cette publication méritent à elles seules le détour : les Vingtième et Vingt-troisième Concertos, captés en 1951, sont admirables de fluidité et de raffinement. A plus d’une reprise, Benedetti Michelangeli abolit le temps. L’Orchestra Sinfonica di Roma della Rai dirigé par Carlo Maria Giulini ne démérite pas, même s’il délivre par moments un accompagnement un peu lourdaud.


Schumann est représenté par son Concerto pour piano mais la mauvaise qualité sonore de cet enregistrement réalisé en 1942 dessert tant la baguette professionnelle d’Antonio Pedretti à la tête de l’Orchestre de la Scala de Milan que le jeu du pianiste, sans qualité particulière. Celui de Grieg, avec le même orchestre dirigé, cette fois-ci, par Alceo Galliera, attire davantage l’attention même si cette interprétation manque de force propulsive. Au rayon concertant, citons la présence incongrue d’un bref mouvement d’une transcription d’un concerto de Vivaldi : une approche d’un autre temps et qui prête aujourd’hui à sourire.


Le florilège de pièces pour piano seul montre qu’au début des années 1940, les caractéristiques du piano de Benedetti Michelangeli étaient déjà plus qu’à l’état embryonnaire : densité, perfection technique, pudeur, sonorité nimbée de mystère. L’amateur prêtera une attention particulière à un Concerto italien de Bach valorisé par un toucher fluide, léger et bondissant, à une Chaconne admirablement construite ainsi qu’à une Troisième Sonate de Beethoven parfaitement déclamée et pleine de caractère. Si les quelques pages de Chopin déçoivent par leur approche des plus convenue, celles, de dimension modeste, composées par Domenico Scarlatti (Sonates K. 9, K. 11, K. 27 et K. 97), Galuppi (Presto) et Tomeoni (Allegro) révèlent un pianiste pleinement convaincu de l’intérêt de ce répertoire. Et dans Granados (Andaluza des Danzas espanolas), Albéniz (Recuerdos de viaje) et Mompou (Canción y danza n°1), la musique est rendue dans toute sa dureté, sa fierté et sa noblesse.




Sébastien Foucart

 

 

 

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