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12/24/2007 Serge Prokofiev : Marche, opus 99 – Pierre et le loup, opus 67 – Ouverture sur des thèmes juifs, opus 34b – Symphonie n° 1 «Classique», opus 25
Sting, Roberto Benigni (narrateurs), Roy Hudd (Prokofiev, Le grand-père), Henry Feagins (Pierre), Troupe du Théâtre de complicité, Orchestre de chambre d’Europe, Claudio Abbado (direction, conception), Christopher Swann, Roger Law (réalisation, conception), Steve Bendelack (réalisation)
Première parution en 1993 – 88’02
DVD Deutsche Grammophon 00440 073 4267 (Code région: 0) – Sous-titres en allemand, français, espagnol et chinois
Inspiratrices de nos «Guignols de l’info», les marionnettes de «Spitting image» («Portraits crachés») firent les beaux jours de la télévision britannique ITV de 1984 à 1996. Un succès qui inspira à Claudio Abbado la mise en images du disque Prokofiev qu’il avait enregistré avec l’Orchestre de chambre d’Europe. Autour de Pierre et le loup (1936), le chef italien et les concepteurs des marionnettes ont créé une «Fantaisie sur Prokofiev», avec au générique la Marche en si bémol (1944) pour orchestre militaire – au demeurant pas plus «militaire» que les marches de Schubert –, l’Ouverture sur des thèmes juifs (1919/1934) et la Première symphonie «Classique» (1917).
Pour le conte proprement dit, on pourra choisir entre les marionnettes de deux narrateurs: Sting (en version anglaise sous-titrée), accompagné d’un chat, ou Roberto Benigni (en version italienne non sous-titrée), seul mais en frac (et quatre-vingt-dix secondes plus long que le chanteur anglais). Mais Pierre et le loup s’inscrit ici dans un ensemble plus vaste: représenté par un acteur, Prokofiev endosse le rôle du grand-père pour un petit théâtre soviétique, puis est avec Pierre le héros de deux histoires mimées et chorégraphiées, «Souvenir» («A haunting»), avec la musique de l’Ouverture sur des thèmes juifs, et «La Découverte de Pierre», où la Symphonie «Classique» sert d’arrière-plan à un banquet rassemblant les grands noms de l’histoire de la musique, de Bach à Wagner en passant par Haydn, Mozart et Schubert, aréopage que le rejoint in fine le compositeur russe.
Canard alcoolique, chasseurs incarnés par les Marx Brothers, famille royale britannique parmi le public de ce spectacle imaginaire, Bernstein, Karajan, Mehta et Ozawa se bagarrant pour prendre la place d’Abbado sur le podium: les idées fourmillent, la réalisation est impeccablement léchée, la qualité instrumentale se révèle de premier ordre, à l’image de l’étincelant Molto vivace final de la Symphonie, et même si le jeune Australien Henry Feagins a une tête à claques, cette tentative originale, qui, plutôt que de proposer la énième version de Pierre et le loup avec une star récitant, s’attache à renouveler l’intérêt de l’exercice – et y réussit, petits et grands y trouvant leur compte.
Dommage, dans ces conditions, que les bonus ne soient pas à la hauteur, consistant en une maigrelette introduction de Roberto Benigni, dont les non-italophones seront privés de facto, faute de sous-titrage, et en une longue série d’annonces promotionnelles.
Simon Corley
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