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09/17/2007
Josef Haydn : Symphonies n° 89, 91 et 92 "Oxford"
Wiener Philharmoniker, Karl Böhm (direction)
Enregistrement : non précisé (1975 ?)
Deutsche Grammophon "Entrée" 442 9388


Karl Böhm à la tête de la Philharmonie de Vienne : une autre époque, évidemment. Entre temps toutes nos certitudes quant à l'interprétation de la musique classique du XVIIIe siècle se sont effondrées. Il ne saurait être encore question de lectures à la lettre de Mozart, Haydn voire Beethoven sous peine d'apparente banalité, les suffrages se dispersant à présent entre diverses écoles plus interventionnistes, revendiquant chacune le droit d'insuffler à des partitions réputées lacunaires tout ce qu'on était censé y rajouter au XVIIIe siècle : l'expressivité immédiate, voire l'afféterie, l'ornementation décomplexée, voire le délire décoratif, la liberté de l'interprète de dire "je", voire le nombrilisme démonstratif...


Osons le dire cependant, la qualité sonore exceptionnelle d'archives d'une époque pas si lointaine permet parfois d'édifiants retour en arrière. Par exemple la réédition l'an dernier de trois longs DVD de Symphonies de Mozart dirigées par Karl Böhm dans la grande salle du Musikverein de Vienne : des kilomètres d'une interprétation en apparence uniformément lisse, voire discrètement soporifique. Et pourtant, en y écoutant et regardant de plus près, une fascinante expérience de communion musicale entre un orchestre qui n'a plus rien à apprendre dans ce répertoire et un chef qui fait beaucoup plus que gérer les affaires courantes. La battue est parfois à peine perceptible mais se manifeste impérieusement dès qu'il le faut, soulignant d'un haussement brusque du geste tout passage décisif. Un dictateur énergique veille, même s'il paraît le plus souvent endormi...


Dans cet enregistrement de trois Symphonies de Haydn, qui avait connu naguère une réédition large en CD en Allemagne, déjà dans une série très économique, on retrouve la même atmosphère, avec évidemment un certain déficit en surprises voire en pittoresque qui peut gêner dans Haydn davantage que dans Mozart. Mais qu'importe, car les compensations sont importantes. La splendeur de timbre des Wiener Philharmoniker à leur plus grande époque est grisante et le chef sait toujours insuffler ici ou là un rien d'allant, une infime respiration voire un rebond rythmique stratégiquement placé qui hissent immédiatement une telle "interprétation" au dessus de la lecture ordinaire. Et puis la saveur inimitable des alliages de timbres, en particulier dans de succulents Trios de Menuets, relève ni plus ni moins de la gastronomie sonore de haut niveau. Mention particulière pour la Symphonie "Oxford" dont les proportions plus ambitieuses conviennent mieux à un tel chef que les Symphonies élégamment utilitaires qui précèdent : une vision d'une réelle grandeur, en particulier dans l'introduction lente du premier mouvement, superbement phrasée.

Du grand art, à un niveau de qualité qu'il paraît difficile de méconnaître sous le superficiel prétexte qu'il est démodé. A ce prix, dans une série très économique d'initiation au grand répertoire classique, c'est rien moins qu'une aubaine.


Laurent Barthel

 

 

 

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