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07/04/2007
Franz Liszt : Harmonies poétiques et religieuses (extraits), Via Crucis

Brigitte Engerer (piano), Accentus, Laurence Equilbey (direction)
Enregistré à Nantes, Cité des Congrès (avril 2006) – 58’27
Naïve V 5061


Via Crucis : une musique d’église « utilitaire » à fins d’accompagnement du chemin de croix traditionnel du Vendredi-Saint ? Même pas. Plutôt une sorte de méditation religieuse atypique sur la crucifixion, qui fait appel à des effectifs curieusement déséquilibrés (un petit chœur, quelques interventions solistes, un piano ou un orgue, le tout utilisé davantage en alternance qu’ensemble, avec même la possibilité d’une exécution intégrale de l’ouvrage au seul clavier) et dont la finalité exacte échappe. L’ouvrage ne fut d’ailleurs jamais donné en public du vivant du compositeur, et il ne doit qu’à sa très belle qualité de facture d’échapper de temps en temps au corpus abondant des curiosités lisztiennes jamais jouées.


Concept éminemment romantique, où se croisent l’exaltation religieuse et les séquelles d’un dandysme musical difficiles à éliminer complètement, que cette sorte d’album d’images pieuses musicales, qui ne répugne pas si besoin à la citation textuelle d’un fonds culturel liturgique identifiable par tous (le fameux choral « O Haupt »). On se trouve quelque part entre l’église et le salon, deux endroits où l’Abbé Liszt se sentait à l’aise au même degré, et il faut accepter ce caractère hybride pour apprécier à sa juste valeur cette œuvre éclatée, d’une beauté singulièrement prenante.


Via Crucis a eu rarement rendez-vous avec le disque, et ce nouvel enregistrement vient enrichir utilement un catalogue assez maigre. L’ensemble choral Accentus chante ses brèves interventions avec une belle cohésion, les solistes s’acquittent de leurs quelques phrases latines en évitant tout excès d’onction, mais ce ne sont évidemment par ces caractéristiques vocales qui jouent un rôle déterminant. En revanche, la réussite de la partie pianistique, prépondérante, joue fortement en faveur de ce nouvel enregistrement, grâce à la franchise d’approche et à la pugnacité de Brigitte Engerer, qui évite ici toute suavité inutile. On retrouve la même rigueur dans les trois extraits des Harmonies poétiques et religieuses qui ouvrent opportunément le programme. Un beau disque de méditation romantique, qui n’a pour seul concurrent de taille que le rare enregistrement (Koch Schwann) du RIAS Kammerchor, riche de nombreux atouts : le compositeur Aribert Reimann au piano (pas aussi souverain de sonorité mais remarquable expert en constructions), la perfection insurpassable du chœur, et même quelques courtes phrases chantées, rien moins, par Dietrich Fischer-Dieskau.


Laurent Barthel

 

 

 

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