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Une Neuvième mémorable Paris Théâtre des Champs-Elysées 11/28/2010 - Ludwig van Beethoven : Symphonies n° 8 & 9 Annette Dasch (soprano), Mihoko Fujimura (mezzo), Piotr Beczala (ténor), Robert Holl (basse)
Chœur de Radio France, Wiener Philharmoniker, Christian Thielemann (direction)
C. Thielemann (© Münchner Philharmoniker)
Il est de coutume de faire la fine bouche devant Christian Thielemann, c’est vrai, il a un défaut : il ne cherche pas midi à quatorze heures. Il y a dans sa direction un côté direct, presque prosaïque, qui peut laisser l’auditeur sur sa faim, mais comment ne pas être frappé par cette énergie, cette densité, cette conviction ? Le son est travaillé en profondeur comme rarement quand la tendance actuelle est à l’allègement. « Foin des baroqueux ! » semblait dire Thielemann dans la Huitième de Beethoven, qu’il donne avec huit contrebasses et tout à l’avenant, en prenant son temps et en sculptant la matière orchestrale. Combien de chefs sont capables d’habiter l’imposante architecture de la Neuvième, d’imprimer une telle tension dans le premier mouvement, une telle allégresse dans le finale ? Les cordes du Philharmonique de Vienne sonnent merveilleusement, le Chœur de Radio France affiche une forme éclatante, les solistes assurent, ce concert restera dans les mémoires (il sera diffusé le 15 décembre à 20h sur France Musique). Que manque-t-il pour franchir encore un palier dans l’interprétation ? Du mystère (les toutes premières mesures de la Neuvième en étaient totalement dépourvues par exemple). A ce moment-là, n’en doutons pas, Thielemann fera l’unanimité !
Philippe Herlin
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