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Pour les symphonies Paris Théâtre des Champs-Elysées 07/05/2008 - Ludwig van Beethoven : Coriolan (ouverture), opus 62 – Concerto pour violon, opus 61 – Symphonie n° 5, opus 67 Gil Shaham (violon)
Orchestre national de France, Kurt Masur (direction)
G. Shaham (© Boyd Hagen)
Parvenu à mi-chemin, le cycle Beethoven de l’Orchestre national France au Théâtre des Champs-Elysées abandonne le principe simple qu’il avait adopté pour ses quatre premiers concerts: une ouverture de Leonore, un concerto pour piano et une symphonie partageant tous trois le même numéro. L’Empereur attendra donc la Septième symphonie, tandis que la Cinquième est accompagnée du Concerto pour violon. Autant de «tubes» qui, malgré le début des vacances scolaires, n’ont pas eu de mal à faire salle comble, précédés, comme il se doit, d’une ouverture, exactement contemporaine de ces deux œuvres, celle de Coriolan (1807), annonciatrice de l’ut mineur de la Cinquième.
Dès les accords initiaux, la lenteur du tempo lui confère un caractère monumental, mais elle y perd indéniablement en urgence et en tension, même si Kurt Masur maintient tout au long un climat sombre et oppressant. Les tutti du Concerto pour violon (1806) sont tout aussi lourds et appuyés, faisant d’autant plus ressortir la grâce et la chaleur de la prestation de Gil Shaham. A l’image de sa très grande mobilité à l’avant-scène, il livre une interprétation versatile et contrastée, plus rhapsodique qu’unitaire, se fondant dans l’orchestre pour soudain le dominer à nouveau, faisant fluctuer le tempo et les nuances dynamiques (mais aussi parfois aussi l’intonation) et s’abandonnant trop souvent à un maniérisme excessivement sucré. Nul ne pourra cependant lui dénier des aigus impeccables, des traits parfaitement articulés, mais surtout une fougue, une générosité et une passion auxquelles, dans la grande montée précédant la cadence de l’Allegro ma non troppo, son archet ne résiste pas. Et c’est grâce à celui que lui tend immédiatement Sarah Nemtanu, premier violon solo, qu’il jouera la cadence (de Kreisler), comme si le défi venait encore décupler son énergie, puis les deux autres mouvements: un panache auquel le public rend très longuement hommage.
La Cinquième symphonie (1808) semble partir sur les mêmes bases que Coriolan, avec un Allegro con brio certes hargneux, mais dont les bonnes intentions sont lestées par une direction massive et une pâte sonore épaisse. L’Andante con moto, malgré une tendance à se complaire dans un legato opulent, avance mieux, mais c’est avec un Scherzo d’une belle véhémence qu’on a enfin l’impression d’aborder les choses sérieuses. Dans un geste véritablement épique, l’Allegro final concilie pompe et élan, grandeur et dynamisme. Comme deux jours plus tôt (voir ici), c’est la symphonie qui convainc donc le plus: tant mieux, car Masur et le National vont parcourir l’Europe avec ces symphonies dans les semaines et les mois à venir.
Simon Corley
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