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Seiji Ozawa (1935-2024)
03/28/2024

Le legs discographique de Seiji Ozawa



G. Leenaars, S. Ozawa, P. Serkin, Orchestre philharmonique de Berlin, Chœur de la Radio de Berlin (Philharmonie de Berlin, 10 avril 2016) (© Sébastien Gauthier)


Le feu s’est éteint

Dans un documentaire diffusé il y a quelques années à la télévision sur Wilhelm Furtwängler, Aurèle Nicolet, qui fut pendant plusieurs années flûtiste solo de l’Orchestre philharmonique de Berlin, disait : « Furtwängler, on l’aimait ; Karajan, on l’admirait ». Se peut‑il qu’on puisse dire à propos d’un seul et même chef qu’on l’aime et qu’on l’admire à la fois ? Peut‑être... En tout cas, Seiji Ozawa faisait sans doute partie de ceux qui pouvaient, tant par le public que par les musiciens, se voir accoler ces deux qualificatifs ; c’est dire la peine que tout le monde de la musique classique a ressentie à l’annonce de son décès, causé par une insuffisance cardiaque, survenu le 6 février 2024 à Tokyo.


Seiji Ozawa est né le 1er septembre 1935 à Mukden (aujourd’hui Shenyang) en Mandchourie (la ville se situant au nord‑est de la Chine), de parents japonais. La Mandchourie était alors occupée depuis 1931 par le Japon, dont la politique impérialiste allait profondément marquer l’ère Shōwa (1926‑1945) et se caractériser par des atrocités sans nom qui culminèrent avec le tristement célèbre massacre de Nankin (décembre 1937-février 1938). Son père, Kaisaku Ozawa, était dentiste. Il épousa une certaine Wakamatsu Sakura, qui allait devenir la mère de Seiji et de ses trois frères (deux aînés, un cadet). Nationaliste fervent (il fut un des membres fondateurs de la Concordia Association of Manchkuo), il donna à son troisième fils le prénom de Seiji, contraction des noms de deux généraux japonais Itagaki Seishirō et Ishiwara Kanji. Père bouddhiste, mère chrétienne, le jeune Ozawa montre rapidement de grands talents pour la musique ; après avoir quitté la Chine en 1936, il s’installe en 1944 avec ses parents et ses deux frères aînés à Tokyo, où il étudie le piano avec Toboru Toyomasu (1912‑1975), qui avait lui‑même fait ses gammes à la Hochschule für Musik de Berlin quelques années auparavant. Pianiste confirmé, le jeune Seiji, qui était également un grand sportif, se casse deux doigts lors d’un match de rugby, mettant ainsi fin à sa potentielle carrière de soliste ; qu’à cela ne tienne, il deviendra chef d’orchestre !


Ayant éprouvé un véritable choc après avoir accompagné sa mère à un concert donné en décembre 1949 par Leonid Kreutzer (1888‑1953), qui dirigea pour l’occasion du piano le Concerto « L’Empereur » à la tête de l’Orchestre symphonique du Japon, il a la chance de travailler sous l’autorité de celui qui reste sans nul doute son véritable « père spirituel », Hideo Saito (1902‑1974). Ce dernier, héritier d’une longue lignée d’intellectuels japonais (son père, professeur de littérature anglaise, a été, paraît‑il, l’auteur d’un célèbre dictionnaire japonais-anglais), apprit la mandoline, puis le violoncelle, venant par ailleurs en Europe à plusieurs reprises (notamment en Allemagne, à Leipzig plus précisément) pour étudier la musique occidentale (Bach en particulier) et se perfectionner auprès de sommités du violoncelle comme Julius Klengel ou Gregor Piatigorsky. Egalement chef d’orchestre, Saito fonda au sortir de la guerre une école de musique, la Toho Gakuen School, où étudièrent notamment Mitsuko Uchida, Nobuko Imai, Eiji Oue et, bien sûr, Seiji Ozawa. Apprenant les rudiments de la direction d’orchestre, il se fait vite remarquer par son mentor, lequel lui confie parfois la direction de l’orchestre de l’école, alors essentiellement composé de cordes ; de fait, Ozawa, qui officiait parfois aux timbales si l’occasion s’en présentait, dirige aussi bien la Sérénade pour cordes de Tchaïkovski que des Divertimenti de Mozart (sans doute notamment le Divertimento K. 136 pour lequel Ozawa aura toujours un faible, dirigeant souvent son mouvement lent en guise de bis), des Concerti grossi de Händel ou La Nuit transfigurée de Schönberg.


Etudiant ensuite à la Seijo Gakuen Junior High School avant de revenir à la Toho Gakuen School, Seiji Ozawa montre de telles dispositions que Hideo Saito le pousse à passer des concours internationaux de direction d’orchestre, le jeune chef assurant déjà à l’époque certaines répétitions de L’Enfant et les Sortilèges de Ravel à la tête de l’Orchestre philharmonique du Japon que le chef Akeo Watanabe devait finalement diriger en version de concert. On est en 1958 : Ozawa part donc pour l’Europe et atterrit en France... Coup de maître puisque le jeune Seiji remporte en 1959 le Concours international de jeunes chefs d’orchestre de Besançon, créé seulement huit ans plus tôt. Dans le jury, Eugène Bigot (1888‑1965), qui fut notamment professeur de direction d’orchestre au Conservatoire de Paris (1946‑1957) et qui donna des cours à Ozawa, insistant en particulier sur la régularité des tempi, le jeune chef le surnommant d’ailleurs « Monsieur Métronome ». Dans le jury également, Charles Munch (1891‑1968), figure incontournable, alors directeur musical de l’Orchestre symphonique de Boston (il le resta de 1949 à 1962), qui prend le jeune Seiji sous son aile, le faisant rapidement venir à Tanglewood, résidence d’été de l’Orchestre de Boston.


C’est à cette époque, en 1960, qu’Ozawa remporte également le prix Koussevitzky, autre prix de direction d’orchestre mondialement célèbre. Les regards se tournent alors vers lui à tel point que Karajan le fait venir à Berlin en 1960‑1961 et, grande classe, le laisse partir à New York où Ozawa, alors qu’il pouvait également être assistant de George Szell à Cleveland, devient l’un des trois assistants de Leonard Bernstein au Philharmonique de New York aux côtés des bien oubliés Maurice Peress et John Canarina. Le hasard veut que Bernstein prenne particulièrement Ozawa en affection, sans doute impressionné à la fois par les dons et la capacité de travail du jeune homme. Alors que le Philharmonique de New York effectue une longue tournée au Japon au printemps 1961, Ozawa se retrouve soudain en première ligne, assurant notamment toutes les répétitions d’une pièce de Toshiro Mayuzumi que l’orchestre avait commandée ; de fait, Bernstein laissa Ozawa la diriger en création mondiale et même tout au long de la tournée. De retour aux Etats‑Unis, il se voit également confier la direction du final de L’Oiseau de feu à Détroit en bis d’un concert dirigé par Bernstein, ce dernier propulsant le jeune chef à la télévision dans le cadre des Young People’s Concert ; il apparaît sur les écrans américains pour la première fois le 14 avril 1962 et dirige à cette occasion l’ouverture des Noces de Figaro/ C’est l’époque, confie Ozawa à l’écrivain Murakami (dans le passionnant livre d’entretiens De la musique, Belfond, 2019) où il gagne à peine 100 dollars par semaine, vivant dans un petit appartement new‑yorkais situé en sous‑sol et ne voyant donc que les jambes des passants par sa fenêtre, allant jusqu’à devoir se réfugier dans un théâtre de Broadway pour y passer la nuit faute pour son appartement de posséder le chauffage ; époque également où il travaille cent fois plus que les autres, apprenant son répertoire mais également celui des deux autres assistants de Lenny au cas où ceux‑ci tomberaient malades, Ozawa devant être prêt à remplacer n’importe lequel d’entre eux. Parlant à peine l’anglais, Ozawa s’adapte néanmoins sans difficulté au style de vie américain, passant soirées et nuits au concert, à travailler, dans les boites de jazz ; son occidentalisation lui vaudra quelque temps plus tard d’être boycotté par les musiciens de l’Orchestre de la NHK (la radio nippone) lorsqu’il vient les diriger en 1962, les photos de Seiji Ozawa seul sur son podium devant une salle et une scène vides ayant largement fait la une des journaux de l’époque.


Peu importe ! Après une nouvelle tournée du Philharmonique de New York à Berlin en 1963, Seiji Ozawa reste quelque temps auprès de Karajan et dirige à Berlin son premier concert comme chef professionnel (mais pas à la tête du Philharmonique) : au programme, des pièces de Maki Ishii et de Boris Blacher ainsi qu’une symphonie de Beethoven. Après avoir dirigé quelques années de suite des concerts lors du festival d’été de Ravinia (près de Chicago), Ozawa devient en 1965 directeur musical de l’Orchestre symphonique de Toronto, succédant à Walter Susskind, son premier poste de directeur musical. Il ouvre l’orchestre à un répertoire nouveau : la Quatrième Symphonie de Charles Ives, le Concerto pour orchestre de Lutoslawski, Pithoprakta de Xenakis, des œuvres de Takemitsu, divers concerts avec le violoncelliste Mstislav Rostropovitch déjà, début d’un long compagnonnage... C’est également à cette époque qu’Ozawa enregistre son premier disque avec un compositeur chez lequel on ne l’attendait pas du tout : Telemann ! Il accompagne ainsi en mai 1965 Harold Gomberg (hautboïste solo du Philharmonique de New York de 1943 à 1977) dans des concertos de Vivaldi et de Telemann à la tête du Columbia Chamber Orchestra (en vérité des cordes toutes issues du Philharmonique de New York) chez Columbia Masterworks. Suivent très rapidement les Premier et Troisième Concertos pour piano de Bartók avec Peter Serkin (là aussi, début d’une longue et fructueuse collaboration) et le Symphonique de Chicago, les Concertos pour violon de Tchaïkovski et Mendelssohn en décembre 1965 avec Erik Friedman et le Symphonique de Londres (LSO), le Concerto pour piano de Schumann et le Burlesque de Richard Strauss (toujours avec le LSO et Leonard Pennario en soliste), Jeanne d’Arc au bûcher d’Honegger à l’été 1966 et surtout la Turangalîla-Symphonie de Messiaen, enregistrée à la demande même du compositeur, qui avait vu Ozawa diriger au Japon (RCA).


Seiji Ozawa quitte Toronto en 1969 (son successeur s’appelle alors Karel Ancerl...) pour prendre la direction musicale d’un des Big Five américains : l’Orchestre symphonique de San Francisco. Etrangement, ce mandat ne sera guère marquant ni pour l’un ni pour l’autre, seule une poignée de disques résultant de cette collaboration, essentiellement éditée par Deutsche Grammophon (les Danses symphoniques de West Side Story de Bernstein, des pièces de William Russo, un disque thématique consacré à Roméo et Juliette) alors qu’Ozawa enregistre bien davantage à la même époque (vers 1971‑1973) à la tête de l’Orchestre de Toronto ou de l’Orchestre de Paris, avec lequel il grave nombre de disques réputés, alors enregistrés à Paris, salle Wagram. Car les années 1960 ont vu l’aura d’Ozawa croître de façon spectaculaire, le conduisant fort logiquement à internationaliser son activité. Le 8 août 1966, il dirige pour la première fois l’Orchestre philharmonique de Vienne : dans le cadre du Festival de Salzbourg, la Cinquième Symphonie de Schubert, la Deuxième de Brahms et le Concerto pour piano de Schumann avec Alfred Brendel résonnent ainsi sous sa baguette au Kleines Festspielhaus. Collaboration fructueuse qui le verra donner plus de cent cinquante concerts à la tête du prestigieux orchestre (qui le fit membre honoraire en 2010) et dont le public parisien se souviendra longtemps. A titre personnel, comment oublier le concert inaugurant en octobre 1993 l’Europa Cycle du Philharmonique de Vienne (faisant désormais de Paris une étape annuelle de l’orchestre au Théâtre des Champs‑Elysées), où Ozawa dirigea un programme idéal (la Soixantième Symphonie « Le Distrait » de Haydn, la Suite du Mandarin merveilleux de Bartók et la Symphonie du Nouveau monde de Dvorák) ? Comment passer sous silence ce concert associant les Troisième et Deuxième Symphonies de Brahms, concert perturbé par une alerte à la bombe à l’entracte (on était quelques semaines après la formation d’une coalition gouvernementale en Autriche avec le FPÖ de Jörg Haider, parti d’extrême droite), qui obligea musiciens et public à patienter avenue Montaigne pendant une bonne demi‑heure avant que le concert ne s’achève dans un triomphe absolu ? Comment ne pas encore vibrer pour ce concert associant Brahms de nouveau (la Première Symphonie) et un Sacre d’une sauvagerie et d’une fougue hallucinantes, un des bis mémorables ayant été la grotesque et délicieuse à la fois Circus Polka du même Stravinsky ?



S. Ozawa, Orchestre symphonique de Boston, (Grosses Festspielhaus, Salzbourg, 31 août 1991) (© Michel Gauthier)


1966, c’est également l’année où il dirige pour la première fois le Philharmonique de Berlin à l’invitation de Herbert von Karajan : la Première Symphonie de Beethoven, le Concerto pour piano de Schumann et Mathis der Maler de Hindemith. Là aussi, plus de cent cinquante concerts parmi lesquels nous retiendrons l’hommage rendu à son maître Karajan pour les vingt ans de sa disparition (voir ici) et son dernier concert avec les Berlinois, à Berlin justement, où ses ennuis de santé avaient contraint Seiji Ozawa à ne diriger que la seconde partie, dominée par une électrisante ouverture d’Egmont. N’oublions pas non plus que, à la demande de Karajan toujours, qui n’avait pas d’affinité avec l’œuvre, c’est Ozawa qui fait entrer au répertoire des Berliner Philharmoniker la gigantesque Huitième Symphonie de Mahler.


Si la fin des années 1960 et le début des années 1970 marquent donc un regain d’activité, 1973 est évidemment une année fondamentale pour Ozawa puisqu’il prend alors la direction musicale de l’Orchestre symphonique de Boston (celui d’un de ses maîtres, Charles Munch), qu’il ne quittera qu’à la fin de la saison 2001‑2002 : presque trente ans de mandat ! Aux dires de Norman Lebrecht (qui dresse d’une plume acerbe un portrait très peu flatteur d’Ozawa dans son ouvrage par ailleurs passionnant Maestro, Mythes et réalités des grands chefs d’orchestre, Jean‑Claude Lattès, 1996, p. 170), ce fut une révolution, l’orchestre lançant alors une campagne « Mettez un peu d’Ozawa dans votre vie ! ». Il faut dire que, et les photos de l’époque le montrent, le style est incroyable : Ozawa dirige dans des chemises à fleurs ou des tenues en lin blanc immaculé, ses colliers s’adaptent sans problème au frac sous lequel il porte un sous‑pull blanc, il arbore volontiers aux pieds santiags ou autres babouches japonaises... Toujours est‑il que c’est une période faste, Ozawa dirigeant l’orchestre aux quatre coins du monde, enregistrant à tout va, de la célébrissime gravure pour Deutsche Grammophon de la Symphonie fantastique de Berlioz en 1973 aux fameux cycles Ravel et Mahler (Philips), sans oublier Brahms, Holst, Berg, Respighi, Schönberg et bien d’autres encore. Si certains ont estimé que ce mandat avait peut‑être été finalement trop long, chef et musiciens se lassant un peu les uns des autres, leur dernier concert en commun (une Neuvième de Mahler donnée le 20 avril 2002 au Symphony Hall de Boston), heureusement préservé par la vidéo et visible sur YouTube, illustre tout de même la fusion qui pouvait exister entre ce chef, cet orchestre et le public. Là encore, une Fantastique entendue à Salzbourg en 1991, une Troisième de Mahler entendue à Paris en 1996 ou une Turangalîla, toujours à Paris, en mai 2000 resteront des souvenirs personnels inoubliables.


2002 voit Ozawa prendre une autre direction puisque, s’il quitte Boston, ce n’est pas seulement par lassitude mais aussi parce qu’il venait d’être nommé directeur de l’Opéra de Vienne, un des postes les plus prestigieux au monde, en tout cas pour un chef lyrique. La nouvelle avait surpris : Ozawa n’est fondamentalement pas un chef d’opéra. Même s’il dirige son premier ouvrage lyrique dès 1965 (il s’agissait de Rigoletto à Toronto), il faut attendre 1969 pour qu’il conduise Così fan tutte au Festival de Salzbourg, à la demande de Karajan, afin de remplacer Karl Böhm indisposé en raison d’une opération des yeux. En 1980, il débute à la Scala dans La Bohème avec Pavarotti, y revenant ensuite régulièrement pour diriger Obéron, La Damnation de Faust, Eugène Onéguine... A Paris, il dirige également La Damnation de Faust en 1977 (sa première apparition à l’Opéra de Paris, œuvre reprise en 2001) avant un programme associant L’Enfant et les Sortilèges et Œdipus Rex (1979), Turandot en 1981 (une vidéo de très mauvaise qualité circule sur YouTube...), Fidelio et Tosca en 1982 (cette dernière reprise en 1995 avec un Plácido Domingo à couper le souffle), Dialogues des carmélites à Garnier en 1999, un formidable doublé L’Heure espagnole et Gianni Schicchi en 2004 dans de superbes mise en scène de Laurent Pelly. Et bien sûr, il dirige la création du monumental Saint François d’Assise de Messiaen le 26 novembre 1983 (avec notamment Christine Eda‑Pierre dans le rôle de l’Ange, José van Dam dans celui de Saint François et Kenneth Riegel dans celui du Lépreux). Une fois en poste à Vienne, Ozawa se plaît de nouveau à diriger une grande variété d’œuvres, puisant à la fois dans le répertoire traditionnel de l’orchestre (Mozart, Wagner, Richard Strauss...) et dans des pièces plus rares pour l’illustre phalange, comme Ernani de Verdi, La Dame de Pique de Tchaïkovski ou Jenůfa de Janacek.


Malheureusement, ses engagements viennois coïncident avec des problèmes de santé récurrents (bronchite, cancer de l’œsophage, zona...) qui obligent le sémillant chef japonais à devoir ralentir ses activités. Paris reste une de ses destinations privilégiées, le chef ayant toujours entretenu d’abord avec l’Orchestre de Paris puis avec l’Orchestre national de France des relations extrêmement fidèles qui nous auront permis de les entendre dans Dutilleux, Berlioz, Schönberg (notre regretté collègue Benjamin Duvshani ayant, bien des années après, considéré que les Gurre‑Lieder sous la direction d’Ozawa en février 1981 au Théâtre des Champs‑Elysées avaient été « le plus beau concert de [sa] vie »), Mahler entre autres, sans oublier l’Orchestre de l’Opéra qu’il lui est parfois arrivé de diriger dans un concert symphonique, à l’image de ce couplage Haydn-Bruckner qui avait fait sensation en février 2009.


C’est l’époque aussi où Seiji Ozawa se tourne vers la prime jeunesse et vers ses racines japonaises. Commençons par ces dernières : bien qu’échaudé par l’opposition qui lui avait été manifestée en 1962, om n’en revient pas moins diriger avec régularité les grandes phalanges japonaises, en premier lieu l’Orchestre de la NHK et le New Japan Philharmonic (avec lequel il grave d’ailleurs plusieurs disques pour EMI). En 1984, pour célébrer les dix ans de la mort de son mentor Hideo Saito, il décide de réunir pour un concert ses anciens élèves, musiciens talentueux ayant essaimé aux quatre coins du monde pour prendre poste au sein des plus grandes phalanges de la planète : ainsi naît le Saito Kinen Orchestra. L’orchestre gagne rapidement en réputation : première tournée européenne en 1987, puis nouvelle en 1989 avant qu’il ne fasse ses débuts au Festival de Salzbourg en 1990 (Mozart, Takemitsu et Brahms au programme), nouvelle tournée européenne en 1991 puis envol à New York. En 1992, Ozawa fonde le Festival de Matsumoto, dans les Alpes japonaises (près de Nagano), où l’Orchestre Saito Kinen a désormais ses habitudes. Rejoint par quelques musiciens occidentaux comme Karl Leister à la clarinette, Radek Baborak au cor, Rainer Zepperitz, ancien contrebassiste solo du Philharmonique de Berlin, Jacques Zoon à la flûte ou le légendaire Vic Firth aux timbales, l’orchestre enflamme les salles (une Héroïque au Théâtre des Champs‑Elysées en 1997) et enregistre de magnifiques disques sous la houlette de son chef tutélaire. En 1990, un nouvel ensemble japonais est fondé : le Mito Chamber Orchestra. Seiji Ozawa le dirige à l’occasion et l’emmène hors de la ville de Mito pour la première fois en 1996, le conduisant même à travers le monde comme lors de ce concert parisien à la salle Pleyel où Beethoven côtoyait Takemitsu, Ravel et Prokofiev. Enfin, parmi ses derniers engagements, Ozawa s’est très fortement investi auprès de l’International Music Academy – Switzerland (IMAS). Fondée en 2005 par Ozawa, qui en fut également l’âme et le directeur artistique (voir ici), elle a pour but d’initier de jeunes musiciens sélectionnés dans les meilleurs conservatoires des quatre coins du monde à la découverte et à l’apprentissage du quatuor à cordes, école d’exigence musicale particulièrement redoutable. Alliant pratique chambriste et confrontation en orchestre, l’IMAS fait appel à des pédagogues d’envergure au cours de ses sessions annuelles puisqu’on y croise notamment les noms du violoniste Robert Mann (fondateur, en 1948, du légendaire Quatuor Juilliard), de l’altiste Nobuko Imai, de la violoniste Pamela Frank (titulaire notamment de l’envié Avery Fisher Prize) et du violoncelliste Sadao Harada (fondateur du Quatuor de Tokyo). On a eu la chance d’entendre ces jeunes musiciens à plusieurs reprises, chaque programme étant divisé en deux, la seconde partie des concerts étant invariablement dirigée par Ozawa (voir ici, ici, ici et ici).


Ecouter Ozawa diriger au disque est une chose, le voir en est une autre : « Chez lui, tout dirige, même ses cheveux dirigent », disait Olivier Messiaen ! Et il faut effectivement l’avoir vu, silhouette menue mais gestique féline, dompter les plus grandes œuvres à la tête des plus grands ensembles avec une maestria qui n’appartenait qu’à lui. Il faut l’avoir vu être aussi à l’aise dans le mouvement lent du Divertimento K. 136 de Mozart (un de ses bis favoris) que dans la Troisième Symphonie de Mahler, inviter un hautbois comme imposer un fff à un orchestre de cent vingt musiciens. Sa modestie légendaire le conduisait à arriver sur scène fréquemment au milieu de ses musiciens (notamment lorsqu’il dirigeait l’Orchestre Saito Kinen), le public redoublant ses applaudissements lorsqu’il distinguait son ample chevelure noire, devenue grise puis blanche au fil des années. Dirigeant avec une baguette ou à mains nues, usant avec un art consommé du lâcher prise, gardant généralement sa partition de poche consciencieusement refermée sur son pupitre (sa mémoire était prodigieuse et il dirigeait absolument tout par cœur), Seiji Ozawa était un chef unique et, bien des fois, on ne venait pas écouter Beethoven, Brahms ou Stravinsky dirigé par Ozawa mais on venait voir Ozawa diriger Beethoven, Brahms ou Stravinsky, les spectateurs se sentant presque frustrés de ne pouvoir ovationner seul ce chef immense qui préférait saluer au milieu de ses musiciens, souvent après avoir pris soin de serrer la main à presque chacun d’entre eux à la fin de l’œuvre qu’ils venaient de jouer ensemble.


Ayant eu la chance de le voir à plusieurs reprises diriger puis aller dîner presqu’incognito chaussé de ses baskets New Balance et revêtu de son anorak ou de sa casquette à l’effigie des Red Sox (légendaire équipe de base‑ball de Boston), on n’a pu qu’être profondément ému en voyant les dernières images d’un chef amaigri, chétif même, assis dans un fauteuil roulant pour diriger à grand peine l’Orchestre Saito Kinen dans l’Ouverture d’Egmont, premier concert jamais diffusé en direct dans l’espace et écouté pour l’occasion par les spationautes de la station ISS. Nous préférons pour notre part conserver l’image qu’il a toujours eue et qui fait presque partie désormais de sa légende : un chef d’une vivacité exceptionnelle, d’une présence évidente et d’une gentillesse manifeste. Il va nous manquer...


Le legs discographique de Seiji Ozawa


Faire le tour de la discographie de Seiji Ozawa n’aurait pas grand sens, outre que ce serait inutilement fastidieux. De son premier disque en 1965 à ses plus récents datant d’il y a à peine quatre ou cinq ans, il aura abordé tous les répertoires au fil de dizaines d’enregistrements principalement publiés chez Warner, Deutsche Grammophon et Philips. Précisons d’ailleurs immédiatement que tous ces éditeurs ont réuni leurs fonds il y a quelques années en diverses anthologies (nous avions, pour notre part, largement commenté celle éditée chez Warner), auxquelles il faut ajouter celle parue chez Decca (laquelle reprend pour partie des enregistrements initialement parus chez Philips) et, pour Deutsche Grammophon, une anthologie spécifiquement consacrée à Ozawa et Boston, réunissant dans la collection « Conductors and Orchestras » tous leurs enregistrements communs pour la petite étiquette jaune. Nous ne nous attarderons pas sur maintes références : Roméo et Juliette de Prokofiev, les Gurre‑Lieder de Schoenberg, l’œuvre orchestral de Respighi (notamment les Danses et airs antiques), une fabuleuse Shéhérazade de Rimski‑Korsakov avec Vienne (en concert)... Il fallait faire un choix, évidemment subjectif.


Johann Sebastian Bach





Seiji Ozawa a dirigé Bach, notamment la Passion selon Saint Mathieu et la Messe en si (avec Barbara Bonney, Angelika Kirchschlager et Alastair Miles chez Philips) ; il a également souvent dirigé le fameux Air de la Troisième Suite pour orchestre, par exemple pour le concert donné inopinément au Festival de Salzbourg 1989 à l’annonce du décès de Herbert von Karajan ou pour un concert donné à la tête de l’Orchestre de la NHK en janvier 1995. Ici, nous souhaiterions plutôt conseiller le formidable disque Philips avec le Symphonique de Boston (1989‑1990), rassemblant diverses œuvres de Bach mais transcrites ou orchestrées par des musiciens du XXe siècle, qu’il s’agisse de Stokowski pour la Toccata et Fugue en ré mineur (celle de Fantasia !) ou de la puissante Chaconne de la Deuxième Partita pour violon seul, orchestrée cette fois‑ci par Hideo Saito. Prenant !


Alban Berg





Enregistré en novembre 1978 à Boston, le Concerto à la mémoire d’un ange par Ozawa et Itzhak Perlman est un must de la discothèque violonistique. Les sonorités marmoréennes du grand violoniste (avec lequel Ozawa avait enregistré les concertos d’Earl Kim ou Samuel Barber, sans oublier Starer, Bernstein ou Foss) subliment la musique de Berg tandis que le chef japonais dirige Boston avec une souplesse qui sied parfaitement à cette œuvre‑phare. Sur le même disque, le Concerto de Stravinsky est également de tout premier ordre.


Hector Berlioz





Grand spécialiste de la musique française en digne héritier de Charles Munch qu’il était, Seiji Ozawa a toujours été un digne interprète de la musique de Berlioz même si, étrangement et sauf erreur, il n’a jamais enregistré ni le Te Deum, ni Harold en Italie, ni certains opéras comme Benvenuto Cellini. En revanche, il a gravé à au moins trois reprises la Symphonie fantastique parmi lesquelles, outre la version ancienne avec Toronto (RCA) et la version tardive avec l’Orchestre Saito Kinen (Decca), il a laissé en février 1973 une version d’équilibre avec Boston pour son premier enregistrement pour Deutsche Grammophon (rééditée chez Pentatone). Les cordes sont admirables (« Un bal ») et Boston met en scène ses solistes (notamment l’excellent Robert Sheena, au cor anglais dans la « Scène aux champs »). A titre personnel, nous aimons également beaucoup sa version de Roméo et Juliette (avec entre autres Julia Hamari et José van Dam) même si elle n’a pas souvent été hissée au plus haut niveau des critiques (Deutsche Grammophon également). Signalons enfin la cantate La Mort de Cléopâtre, enregistré en 1994 à Boston avec une Jessye Norman au sommet de ses moyens : chef‑d’œuvre au sein d’un coffret très justement salué dans nos colonnes.


Anton Bruckner





Bien qu’ayant étudié avec Karajan, Ozawa n’a jamais été un interprète patenté des symphonies de Bruckner. Et ce n’est pas son enregistrement de la Septième avec l’Orchestre Saito Kinen qui démontrera de fortes affinités avec le compositeur autrichien... Pourtant, comment ne pas chérir cette Première Symphonie, enregistrée en janvier 2009 en concert à la Philharmonie de Berlin avec les Philharmoniker, où Ozawa allie souplesse et puissance et nous livre sans doute une des plus belles versions de l’œuvre qui existe au disque dans la version « Linz » (édition Berliner Philharmoniker).


Henri Dutilleux





Le long compagnonnage entre Henri Dutilleux et Seiji Ozawa nous a permis d’avoir au disque deux chefs‑d’œuvre que sont The Shadows of Time avec Boston et Le temps l’horloge (Editions du Théâtre des Champs‑Elysées). La création de cette dernière pièce, le 7 mai 2009, reste à titre personnel un grand moment, notamment lorsque chef et soliste décidèrent de bisser l’œuvre avec le concours de l’Orchestre national de France. Il y a des moments comme ça où l’on se dit qu’on vit l’Histoire de la musique en direct !


Antonín Dvorák





Même si elles sont tout à fait honorables, on passera bien vite sur les Huitième et Neuvième Symphonies gravées pour Philips avec le Philharmonique de Vienne dans les années 1990 (deux concerts). En revanche, on retiendra la magnifique version du Concerto pour violoncelle avec Mstislav Rostropovitch (décembre 1985, Erato), que complète une tout aussi fringante version des Variations sur un thème rococo de Tchaïkovski. Un des nombreux témoignages de la longue amitié entre Ozawa et Rostro (rappelons le beau disque sous l’étiquette jaune rassemblant le Second Concerto de Chostakovitch, dont Ozawa n’a jamais gravé une symphonie, et le Chant du ménestrel de Glazounov). Les amateurs iront farfouiller sur YouTube pour regarder le même concerto de Dvorák donné au Suntory Hall avec l’Orchestre de la NHK, une splendide version de Don Quichotte de Strauss au Festival Matsumoto et un concert désopilant de l’Orchestre de Toronto en mars 1987 où, sous la baguette d’Andrew Davis, dans l’Ouverture de La Chauve‑Souris, Ozawa tient la partie de glockenspiel et Rostropovitch de cloche, de flûte à coulisse et de triangle : un grand moment de véritable comédie musicale !


Gustav Mahler





Seiji Ozawa a découvert Mahler avec Bernstein et, comme lui, en est devenu un interprète de la plus haute volée. L’intégrale des Symphonies enregistrée chez Philips en témoigne avec, comme sommets, les Huitième et Troisième (cette dernière avec Jessye Norman). Mais nous retiendrons à titre personnel une superbe version de la Deuxième « Résurrection » enregistrée avec l’Orchestre Saito Kinen, la soprano Emiko Suga et la contralto Nathalie Stutzmann, enregistrée au début du mois de janvier 2000 en concert au Tokyo Bunka Kaikan (Philips). Par ailleurs, la vidéo (qui n’a semble-t-il été commercialisée qu’au Japon mais que l’on peut visionner sur YouTube) de la Neuvième Symphonie avec Boston, son dernier concert comme directeur musical de l’orchestre en avril 2000, est d’une rare perfection et d’une intense émotion.


Felix Mendelssohn





La finesse musicale, la gestique élégante et souple, l’attrait pour la musique romantique allemande : tout conduisait Ozawa à explorer l’œuvre de Mendelssohn. Bizarrement, il n’enregistra aucune de ses symphonies (pas même l’Italienne !) mais sa version du Songe d’une nuit d’été est à notre sens un modèle du genre (Deutsche Grammophon). En préparant cet article, nous avons également redécouvert un enregistrement du Concerto pour violon avec Brick Friedman en soliste (Ozawa dirigeant le LSO) : quelle réussite ! Enfin, on ne pourra que conseiller aux amateurs d’aller sur le site du Digital Concert Hall du Philharmonique de Berlin pour voir Ozawa diriger les Berliner dans Elias : on aurait aimé être présent...


Modeste Moussorgski





La version des Tableaux d’une exposition gravée en 1966 avec l’Orchestre symphonique de Chicago est d’une énergie folle : violence de certains passages – « La Cabane sur pattes de poule » de la sorcière Baba Yaga –, suavité de certains autres (« Bydlo »), grandiose « Porte de Kiev »... Une version en technicolor qui nous fait regretter que Seiji Ozawa n’ait pas davantage abordé l’œuvre du compositeur russe.


Maurice Ravel





On l’a dit : la musique française fut un des terrains d’élection du chef japonais qui brilla aussi bien dans le Gloria de Poulenc que dans Jeanne d’Arc au bûcher d’Honegger en passant par Fauré ou donc Ravel. L’anthologie orchestrale complète enregistrée en 1973‑1974 n’a cessé de trôner au sommet des discographies par la perfection de l’orchestre (Boston), la finesse des solistes et l’art de peindre que possédait Ozawa dans cette musique aux charmes ravageurs. Le Tombeau de Couperin, les Valses nobles et sentimentales ou Ma mère l’Oye sont autant de perles dans ce coffret édité une nouvelle fois chez Deutsche Grammophon.


Strauss (Johann, Joseph, Richard...)





Ozawa dans les valses viennoises ? Rappelons que Hideo Saito avait étudié en Europe et avait enseigné à son cadet cet art de la musique à trois temps, Karajan ayant également peut‑être discuté avec son élève de cette musique que d’aucuns qualifient de vulgaire ou de facile. Pour notre part, nous mettons le Neujahrskonzert 2002 (Philips) au plus haut niveau avec une Vie d’artiste d’une finesse absolue, une Libellule ou des Aquarelles d’une poésie renversante mais le sommet du disque est sans aucun doute la Danse diabolique de Joseph Hellmesberger où Ozawa met les Viennois en transe ! Autre Strauss, avec Richard, qu’Ozawa a enregistré de façon assez notable ; avec Vienne encore une fois, en concert de nouveau, mentionnons une incroyable version de la Symphonie alpestre, très négligée parmi les références de l’œuvre alors que le disque est splendide.


Piotr Ilitch Tchaïkovski





Terminons ce tour d’horizon par Tchaïkovski, qu’Ozawa a toujours dirigé au fil de sa carrière, des ballets (avec l’Orchestre de Paris dans les années 1970) à la Pathétique avec Berlin à la fin des années 2000. On conseillera en premier lieu les grands ballets avec l’Orchestre symphonique de Boston, tout particulièrement un étincelant Casse‑Noisette enregistré en décembre 1990, où la dentelle tissée par l’orchestre et son chef font merveille (Deutsche Grammophon). Mais n’oublions pas le Concerto pour violon avec Viktoria Mullova, couplé à une version de référence du Concerto de Sibelius (Philips), et une électrisante version du Premier Concerto pour piano enregistrée à la Philharmonie de Berlin avec Arcadi Volodos (juin 2002, Sony). Si Ozawa fut bien davantage un chef d’orchestre plutôt qu’un chef d’opéra, Tchaïkovski lui a plutôt bien réussi avec une magnifique version de La Dame de Piqueenregistrée sur le vif à l’Opéra de Vienne pour Orfeo, dont il existe par ailleurs une vidéo visible sur YouTube.


Enfin, puisqu’on évoque YouTube, comment ne pas évoquer Ozawa en vidéo ? Contrairement à d’autres (Karajan, Bernstein, Abbado...), il n’existe pas dans le commerce de très nombreuses vidéos montrant Ozawa diriger un concert. Il faut surtout aller sur internet (sur YouTube plus particulièrement) pour tomber sur des pépites qui vont d’un Don Quichotte avec Rostro au Festival de Matsumoto à une vibrante version du Requiem de Berlioz, en passant par un Sacre filmé à Munich en 1979 à la tête de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise ou une bande de moyenne qualité du Saint François d’Assise de Messiaen. Puisqu’on a évoqué le disque, rappelons également que le Concert du Nouvel An 2002 est également visible : de beaux moments, sans conteste. Au curieux d’aller chercher !


Côté documentaires, un récent film sur Ozawa revenant au Japon et cherchant en quelque sorte à renouer avec ce pays qui l’avait jadis rejeté (et où il était finalement devenu un véritable demi‑dieu) s’avère particulièrement émouvant. Mais on conseillera avant tout un film datant de 1984, tout simplement intitulé Ozawa (qu’Arte avait joliment présenté en son temps en le sous‑titrant « Ozawa, face à face avec un homme de dos »), où l’on suit le chef de Boston à Salzbourg, où l’on croise Jessye Norman, Edith Wiens, Herbert von Karajan, Yo‑Yo Ma ou Rudolf Serkin, le documentaire s’achevant sur la fin de la Résurrection de Mahler : oui, Ozawa va nous manquer...


Sébastien Gauthier

 

 

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